Une rencontre avec Francky Corcoy, danseur et chorégraphe, c’est une façon de reprendre pied avec les fondamentaux du hip-hop.
Lorsqu’il nous raconte ce qui l’a poussé à créer sa propre compagnie de danse au début des années 2000, la bien nommée Influences dont le credo est « Pour l’influence que tu donnes et celle que tu reçois « , l’on comprend mieux l’importance des mots tels que ouverture, collectif, humain et émotion.
S’appuyer sur un collectif de danseurs avec lesquels on partage l’amour de la danse, de la scène, travailler sur de l’humain et transmettre des messages à travers les émotions, c’est sur cette impulsion que le projet d’une compagnie est mis en œuvre. D’abord, par le biais d’une association auto-financée avec comme base les locaux de la Casa Musicale. Avec cette troupe, le regard sur le hip-hop se régénère en s’ouvrant à d’autres arts comme le théâtre, le cirque ou encore la capoeira, les
artistes rencontrés ouvrant souvent à d’autres univers.
Depuis cinq ans, la Compagnie a pu finaliser davantage de projets, en mettant en place une structure plus professionnelle et en prenant exemple sur d’autres troupes théâtrales notamment, comme la compagnie Troupuscule. Elle fait le choix de ne pas avoir de structure fixe, le point de convergence de tous étant l’événement de fin d’année autour d’une battle et d’un spectacle.
Au terme de neuf mois de travail, les différentes troupes passent ainsi de rien à de véritables conditions de spectacle.
La diversité et l’échange permettent donc de créer, notamment en s’adressant aux plus jeunes comme lors des Journées du Livre Vivant où la compagnie propose un spectacle de hip-hop comme support à l’adaptation d’un livre de littérature jeunesse.
À l’origine de cette démarche, Francky Corcoy œuvre depuis vingt-cinq ans dans le milieu du Hip- hop : « La danse, pour moi, a été un échappatoire. » Issu d’un quartier populaire, celui de Vernet- Salanque, intégrer le cercle, pour lui « c’était pouvoir appartenir à une communauté. »Dans les années 97-98, l’heure est à la débrouille, les entraînements se font au passage Rive-Gauche, devenu salle de danse improvisée jusqu’en 2003. Période où la Casa ouvre la possibilité de s’entraîner dans ses
locaux en échange de 1ères parties au Médiator. C’est d’ailleurs lors d’un concert, en voyant la prestation de Franck II Louise que le danseur a un véritable coup de cœur pour la création et la scène. Les opportunités vont se créer au fil de rencontres pour ce cuisinier de formation qui rappelle : « jamais, j’aurai cru en vivre ».
Parmi ces rencontres, celle avec Nasty sera déterminante, car en lui proposant des ateliers de hip-hop dans les quartiers de la ville, il lui ouvre d’autres perspectives. En effet, c’est lors de ses ateliers qu’il se découvre une veine pédagogue et que l’envie de transmettre voit le jour.
En parallèle, ce solitaire poursuit sa formation sur des projets qui le conduisent à Marseille, Toulouse, Paris ou Liverpool. Si son style de prédilection est le style debout, il travaille tous les types de danse avec pour idée de passer à la chorégraphie. Toujours dans l’idée de transmission et de partage, ses projets partent d’une émotion, d’un geste et servent principalement à raconter une histoire, des histoires où il est question d’inclusion et non d’exclusion.
Ainsi, les valeurs du hip-hop sont mises à l’honneur et dans sa pratique Francky Corcoy rappelle que la base reste la tolérance et l’ouverture d’esprit. Lors de ses échanges avec les jeunes, notamment lors d’ateliers, il place toujours l’autre en position d’interlocuteur véritable. Si le Hip-hop en imprégnant toute la culture dite urbaine sur son passage a perdu de son âme, pour lui : »il faut absolument transmettre le flambeau. »
Et rappeler qu’il ne s’agit pas d’un mode de consommation, mais d’une culture riche de ses artistes et de son histoire. Pour lui, le Hip-hop est avant tout un état d’esprit, un mouvement issu des quartiers populaires, mouvement qui se doit de procurer des émotions et de générer des énergies positives.
Nawel Moulay pour Urban Art up.